Dans la lumière qui entoure aujourd’hui Lenny Martinez, un nom revient toujours, comme un fil tendu entre les générations : Miguel Martinez. Avant d’être le père du jeune prodige français, il fut lui-même un athlète hors norme, champion olympique, pionnier du VTT tricolore, et figure d’une généalogie cycliste aussi rare que fascinante. Mais Miguel n’est pas qu’un ancien champion : il est aussi un modèle discret, un repère, un témoin actif de l’évolution de son fils et de leur sport.
L’enfance sur deux roues
Tout commence dans une famille où la bicyclette est bien plus qu’un simple moyen de locomotion. Miguel est le fils de Mariano Martinez, grimpeur réputé du peloton dans les années 70, dont le panache et la ténacité ont marqué le cyclisme français. Le vélo est partout, à la maison, dans les discussions, dans les souvenirs de courses. Il devient vite une évidence.
Très tôt, Miguel montre un goût particulier pour le tout-terrain. Tandis que son père avalait les cols de montagne sur route, lui préfère les chemins techniques, les efforts irréguliers, les relances cassantes. Il choisit le VTT, encore peu médiatisé à l’époque, mais qui lui offrira une trajectoire unique.
Champion d’un monde à part
Miguel Martinez explose dans les années 1990, au moment où le VTT devient discipline olympique. Petit, trapu, explosif, il impressionne par son agilité et sa science de la trajectoire. En 2000, il touche le sommet : médaille d’or aux Jeux de Sydney, champion du monde, vainqueur de la Coupe du monde… la trilogie parfaite pour un athlète au sommet de son art.
Ce palmarès place Miguel parmi les plus grands cyclistes français hors route, à une époque où le VTT peine encore à séduire le grand public. Ce titre olympique, il ne le brandit pas comme un trophée personnel, mais comme l’accomplissement d’un travail de longue haleine, aux côtés de son père, Mariano, devenu son conseiller de l’ombre.
En grandissant dans cet environnement, Lenny s’est inscrit dans une famille Martinez où la performance rime avec transmission.
Le père derrière le guidon
Quand Lenny naît en 2003, Miguel n’est pas encore tout à fait retraité. Il roule toujours, participe à des courses, reste dans le milieu. Mais quelque chose change. Il voit chez son fils une flamme familière : le regard vif, la détermination dans les jambes, la curiosité technique. Il ne force rien, n’impose rien. Il accompagne, observe, conseille.
Cette posture, ni envahissante ni distante, forge la relation qu’ils entretiennent encore aujourd’hui. Miguel connaît les pièges du haut niveau, les sacrifices, les tentations d’aller trop vite. Il aide Lenny à grandir dans le bon tempo, sans pression excessive, sans raccourcis. L’équilibre familial tient aussi à la présence discrète mais essentielle de la mère de Lenny Martinez, dans une dynamique où les parents de Lenny Martinez ont toujours veillé à préserver l’enfant avant le coureur.
Transmission, mais pas duplication
Lenny n’est pas le clone de Miguel. Là où le père dominait en VTT, le fils s’impose en grimpeur aérien sur route. Deux disciplines, deux morphologies, deux styles, mais une même exigence et une même simplicité.
Ce qui les lie, c’est la manière d’aborder la compétition : avec humilité, patience et respect de la discipline. Miguel n’a jamais cherché à placer Lenny dans son ombre ou à rejouer sa propre histoire. Au contraire, il s’efface volontiers, laissant son fils écrire la sienne. Une rareté dans le monde du sport de haut niveau, où être fils d’un ancien coureur célèbre peut parfois peser plus qu’inspirer.
Un regard toujours présent
Aujourd’hui, Miguel reste très impliqué dans la vie de Lenny, mais à sa manière. Il n’est pas sur tous les plateaux télé, il ne commente pas chaque étape, mais il est là, en retrait, toujours disponible. Ses conseils techniques, son expérience des efforts longs, sa vision du métier de coureur restent des atouts précieux pour son fils.
Dans le cyclisme moderne, où l’on cherche des modèles stables, Miguel incarne une forme d’autorité bienveillante, sans égo, sans besoin de projecteurs. Il n’a jamais cessé d’être coureur dans l’âme, mais il est devenu père avant tout.
Miguel Martinez, c’est plus qu’un ancien champion. C’est un père qui connaît la valeur de l’effort, qui a transmis le goût du vélo sans jamais l’imposer, et qui continue d’accompagner, en silence, l’ascension d’un fils qui ne cesse d’étonner.
Dans un monde sportif souvent pressé, il rappelle que les plus beaux héritages ne sont pas faits de médailles, mais de valeurs transmises sur la durée.